Optimisation du traitement clinique du trouble anxieux généralisé

Le trouble anxieux généralisé (TAG) se caractérise par une anxiété et des inquiétudes excessives, disproportionnées et difficiles à contrôler, qui peuvent impacter la vie quotidienne. Les symptômes du TAG, les facteurs de comorbidité et les résultats neurologiques sont indiqués ci-dessous, avec également la meilleure façon de reconnaître et de traiter ce trouble anxieux.

Aperçu

Le trouble anxieux généralisé (TAG) est l’un des nombreux troubles anxieux qui comprennent également le trouble panique et les phobies spécifiques.1 En Europe, on estime que 8,9 millions de personnes souffrent de TAG, les femmes étant environ deux fois plus souvent touchées que les hommes.2

Des millions de personnes sont touchées par un trouble anxieux généralisé.

Selon le DSM-5, les critères diagnostiques du TAG comprennent au moins six mois au cours desquels une personne éprouve pendant plus de six jours une anxiété et des inquiétudes excessives, disproportionnées et difficiles à contrôler à propos d’événements ou d’activités. Ces troubles peuvent perturber la vie quotidienne et sont associés à au moins trois des symptômes suivants : agitation, excitation ou nervosité, fatigabilité rapide, irritabilité, tensions musculaires, troubles du sommeil, difficultés de concentration et/ou trous de mémoire.3 Contrairement à une attaque de panique, qui peut être une forme d’anxiété survenant par crises, le TAG se maintient généralement à un niveau similaire sur une période prolongée.4

Le TAG peut avoir des répercussions à court et à long terme sur la vie professionnelle et sociale d’une personne. Par exemple, lorsqu’une personne évite une situation qu’elle considère comme dangereuse, comme les voyages ou les grands événements. Le TAG peut se manifester non seulement par des inquiétudes personnelles excessives, mais aussi par des inquiétudes pour les proches d’une personne.4 À long terme, le TAG peut durer de nombreuses années, voire des décennies. L’étude de Nottingham sur les troubles névrotiques a montré que près de 60 % des personnes chez qui un TAG avait été diagnostiqué en souffraient encore 12 et 30 ans plus tard. 5

Le TAG peut avoir des répercussions sur la vie professionnelle et sociale d’une personne.

Résultats neurologiques

Des examens d’imagerie cérébrale ont montré que l’amygdale (impliquée dans le traitement des émotions, notamment de la peur), le cortex préfrontal (CPF) et le cortex cingulaire antérieur (tous deux impliqués dans les fonctions exécutives et la régulation des émotions), ainsi que les connexions entre ces régions et d’autres régions du cerveau, sont les plus touchés chez les personnes atteintes de TAG. Une diminution du volume de l’hippocampe a également été constatée, ce qui a un impact sur la mémoire et sur la capacité à supprimer l’anxiété ; ainsi qu’une hyperactivité de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien.6

Dans ce contexte, il a été proposé qu’en cas de TAG, les « attentes anxieuses » entraînent une hyperactivation de l’amygdale, une hyperactivité autonome et une sécrétion de cortisol, les symptômes du TAG étant une tentative d’abaisser l’excitation autonome. La sécrétion chronique de cortisol est associée à une diminution de la connectivité fonctionnelle entre l’amygdale et le CPF, ce qui entraîne une augmentation de l’anxiété et une diminution de la régulation des émotions.6

Évaluation du TAG

Le TAG est parfois mal identifié lors de la prise en charge initiale. Une analyse des données faisant suite à une revue systématique de la littérature sur les cas de TAG (n=17 739) a montré que la probabilité que les personnes atteintes de TAG aient consulté un médecin de famille quatre fois ou plus dans l’année était 1,6 fois supérieure par rapport aux personnes sans TAG. Cette même probabilité est même jusqu’à 2,1 fois supérieure lorsque le TAG et un trouble dépressif (TDM) surviennent simultanément. Une enquête également menée dans le cadre de cette étude a montré que 64,3 % des patients atteints de TDM étaient correctement diagnostiqués, alors que ce pourcentage n’était que de 34,4 % pour les patients atteints de TAG et de 43,2 % pour les patients atteints de TAG et de TDM.2

Un test rapide à deux questions peut être utilisé pour dépister un TAG.

Un test rapide constitué de deux questions (GAD-2) peut être utile pour l’évaluation initiale d’une personne suspectée de présenter un TAG. Il s’agit de demander à la personne combien de fois, au cours des deux dernières semaines, elle s’est sentie nerveuse, anxieuse ou irritable et incapable de mettre fin à ses inquiétudes ou de les contrôler.7

Il existe plusieurs échelles d’évaluation du TAG, dont des instruments d’auto-évaluation tels que le Penn State Worry Questionnaire (PSWQ) pour le dépistage8 et l’échelle de TAG à 7 éléments pour déterminer la gravité des symptômes.9 Les tests d’évaluation de l’anxiété utilisés en clinique comprennent l’échelle d’anxiété de Hamilton10 et la partie « Anxiété » à 14 éléments de l’Hospital Anxiety and Depression Scale (HAM-A).11

La HAM-A comprend des items relatifs aux problèmes d’humeur (p. ex., symptômes dépressifs et anxieux), aux symptômes physiques (p. ex., modifications de la respiration, du système cardiovasculaire, du système végétatif et du système urogénital), aux changements de comportement, à l’insomnie ainsi qu’à l’anxiété, aux tensions et aux troubles mentaux. Chacun de ces items est évalué sur une échelle de 0 (inexistant) à 4 (sévère), un score total de 8 à 14 correspondant à une anxiété légère et un score de ≥ 24 à une anxiété sévère.11, 12

Diagnostic différentiel du TAG

Le diagnostic différentiel et l’évaluation des comorbidités sont importants dans le cas du TAG, car les symptômes peuvent être présents non seulement dans d’autres troubles psychiatriques, mais aussi dans d’autres affections médicales telles que le phéochromocytome ou l’hyperthyroïdie.3, 13 Une étude portant sur 494 personnes présentant un TAG a montré que 86 % des personnes présentaient un TDM comorbide et 74 % un autre trouble anxieux, dont 49 % un trouble panique et 48 % une phobie sociale.14

Le TAG s’accompagne souvent d’un trouble dépressif majeur et/ou à d’un autre trouble anxieux.

Le TDM semble être un facteur particulièrement prédisposant au TAG, puisqu’une méta-analyse a montré un odds ratio de 11,7 (intervalle de confiance à 95 % : 5,2 à 26,3)15 et une analyse d’enquêtes à l’échelle de la communauté a montré un hazard ratio de 6,6 (intervalle de confiance à 95 % : 5,7 à 7,7), même si 15 ans se sont écoulés entre le TDM et le développement du TAG.16

Traitement du TAG

Les directives concernant le traitement du TAG recommandent la psychothérapie et la pharmacothérapie ou une combinaison des deux.17-20 La thérapie comportementale et cognitive (TCC) peut réduire considérablement les symptômes du TAG19, tandis qu’un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine ou un inhibiteur de la recapture de la sérotonine-noradrénaline est recommandé en médicament de première intention.17-20 Une grande méta-analyse a montré que les effets des traitements du TAG couplés à une thérapie pharmacologique seule sont plus puissants que ceux de la psychothérapie seule, les effets les plus importants étant observés avec la TCC plus la pharmacothérapie.21

Il convienttoutefois de noter que moins d’un tiers des personnes atteintes de TAG reçoivent un traitement approprié.17 Les schémas de traitement devraient être établis en tenant compte de la gravité de la maladie, de l’accessibilité, des coûts, de la tolérance et de la sécurité.17 La méta-analyse susmentionnée conclut également, et il faut le noter, que la préférence des patients pour une pharmacothérapie ou une psychothérapie est un facteur important à prendre en compte.21

Pour les TAG, les directives recommandent une psychothérapie (TCC) et une pharmacothérapie ou une combinaison des deux.

Une étude de 30 jours, menée récemment, a montré que les symptômes d’anxiété évalués au moyen du PSWQ ont nettement diminué chez les personnes qui ont suivi un entraînement physique, notamment chez celles qui ont suivi un entraînement très intensif par rapport à celles ayant suivi un entraînement de faible intensité.22 De la même manière, une méta-analyse a montré que l’exercice physique avait un effet léger, mais significatif, sur la réduction des symptômes d’anxiété, bien que cette cohorte comprenait des personnes souffrant d’une grande variété d’états anxieux et de troubles apparentés.23

Our correspondent’s highlights from the symposium are meant as a fair representation of the scientific content presented. The views and opinions expressed on this page do not necessarily reflect those of Lundbeck.

References

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23.  Ramos-Sanchez CP, et al. The anxiolytic effects of exercise for people with anxiety and related disorders: An update of the available meta-analytic evidence; Psychiatry Res 2021; 302: 114046.

Finanzielle Unterstützung für die Ausbildung wurde von Otsuka Pharmaceuticals Europe Limited und H. Lundbeck A/S gewährt.