Sommeil et santé mentale vont de pair

Sleep is important

La régulation du sommeil fait intervenir de nombreux neurotransmetteurs et circuits cérébraux. Il est donc probable que les mécanismes sous-tendant les troubles du sommeil se confondent avec ceux impliqués dans la dépression et la schizophrénie et puissent avoir un rôle dans la causalité.

 

Dans un récent sondage en ligne effectué dans un vaste groupe d'étudiants, une relation a été clairement établie entre ceux rapportant des symptômes psychiatriques subsyndromiques -- comme la paranoïa, la dépression et l'anxiété - et l’insomnie et les cauchemars sévères.1 Il s'agit d'une association importante dans la mesure où le début de l'âge adulte est la période où se déclarent de nombreuses maladies mentales graves. Toute intervention pouvant empêcher leur développement serait extrêmement bénéfique.

Des données suggèrent que le trouble du sommeil constituerait une cause de problème de santé mentale et non pas seulement une conséquence

Troubles du sommeil et schizophrénie

L'association entre troubles du sommeil et psychose est incontestable. Russell Foster (Sleep and Circadian Neuroscience Unit, Oxford, Royaume-Uni) et ses collègues ont comparé l'activité veille-sommeil et les rythmes circadiens de 20 patients atteints de schizophrénie suivis en ambulatoire et 21 témoins en bonne santé pendant six semaines.2 

Malgré des symptômes relativement bien contrôlés, le sommeil était plus fragmenté chez les patients que chez les témoins. En moyenne, il fallait 15 minutes de plus aux patients atteints de schizophrènie pour s'endormir, et ils dormaient deux heures de plus. Ces patients présentaient également moins de sommeil lent.

Par rapport aux sujets sains, les patients étaient moins exposés à la lumière naturelle, ce qui peut avoir déréglé leur horloge interne, et un rythme circadien de la mélatonine anormal suggérait un manque de synchronisation avec le cycle externe du jour et de la nuit. Aucun patient et aucun témoin n’avait d’emploi rémunéré ; l’absence de travail structuré n'entrait donc pas en compte dans les rythmes de sommeil différents.

La schizophrénie perturbe le sommeil et les rythmes circadiens. Il semble également que les troubles du sommeil puissent précéder une maladie mentale grave, voire y contribuer. L’étude britannique National Psychiatric Morbidity Survey, menée auprès de plus de deux mille participants, a recherché des liens entre les évaluations de base et la persistance ou l'apparition de pensées paranoïdes.3 l' L’insomnie à l’inclusion était associée à un taux trois fois supérieur de nouvelles idées paranoïdes à dix-huit mois.

Intervention possible

La preuve de la causalité dépend d’études démontrant que les interventions visant à réduire les troubles du sommeil prodromiques réduisent également les taux de psychose ultérieure. Et nous en sommes loin. Cependant, les données préliminaires démontrant que les troubles du sommeil sont traitables proviennent d'une récente étude pilote sur la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) chez des patients atteints de délires et d’hallucinations persistants.4

La TCC présente des résultats satisfaisants dans le traitement de l'insomnie. Dans cette petite étude randomisée avec évaluation en aveugle, 50 patients souffrant de délires ou d’hallucinations gênantes, ainsi que d'insomnie ont été randomisés pour recevoir des soins standards ou des soins standards plus une TCC conçue pour améliorer le sommeil.

La TCC a réduit les problèmes de sommeil : après 12 semaines, 9 patients sur 22 dans le groupe TCC n'avaient plus d'insomnie, contre un sujet témoin sur 25. Les investigateurs prévoient maintenant une étude de phase III de puissance statistique suffisante pour évaluer l'effet de la thérapie du sommeil sur les expériences psychotiques.

Une étiologie commune ?

Dans la schizophrénie, les rythmes du sommeil sont irréguliers et le sommeil est souvent de mauvaise qualité. Les épisodes peuvent survenir pendant la journée, de même que la nuit, et être trop longs ou trop courts. Quel que soit le type de problème de santé, l'anxiété rend le sommeil difficile. Cependant, selon une hypothèse de travail proposée par Russell Foster et ses collègues, les anomalies de signalisation des neurotransmetteurs et des voies de régulation qui prédisposent à la maladie mentale sont également responsables de troubles du sommeil.

Les gènes associés à la schizophrénie chez l'homme ont une incidence sur le sommeil et le rythme circadien chez la souris. Une étude non publiée du groupe d'Oxford indique en outre qu'une perturbation du cycle éveil-sommeil est présente chez les personnes à haut risque de trouble bipolaire n’ayant pas encore développé la maladie.

Le sommeil peut représenter une nouvelle cible thérapeutique dans la prévention de la maladie mentale et son traitement

Le mauvais sommeil : déjà une cible dans le TDM

L'insomnie prédispose à la dépression et est associée à une maladie plus grave ; les troubles du sommeil résiduels semblent en outre augmenter le risque de rechute.5 Son traitement est donc largement étudié, notamment dans un essai contrôlé randomisé mené en Australie, qui évaluera l'efficacité d'un programme de TCC dispensé sur internet pour traiter l'insomnie chez les hommes atteints de dépression. Le principal critère de jugement est le changement dans les symptômes de dépression à la semaine 12.

Il existe déjà des données d'une étude contrôlée au Japon démontrant que l'ajout de la TCC dans le traitement de l'insomnie est non seulement efficace, mais aussi rentable (selon les années de vie ajustées sur la qualité) chez les patients atteints d'insomnie résiduelle et de dépression majeure comorbide.6 Dans une étude pilote menée chez des adolescents souffrant de dépression et de troubles du sommeil, le renforcement du traitement conventionnel de la dépression par un traitement des troubles du sommeil par TCC améliorait à la fois le sommeil et les paramètres de dépression, avec un délai de récupération plus rapide.7

Selon le poète du début du 17e siècle Thomas Dekker, « le sommeil est la chaîne dorée qui lie notre santé et notre corps ». Les troubles du sommeil peuvent également constituer un fil conducteur reliant plusieurs formes de maladie mentale -- notamment la schizophrénie et l'apparition de la dépression majeure -- et même d'autres affections cérébrales telles que les maladies d’Alzheimer et de Parkinson. Les perspectives sur le rôle potentiel des troubles du sommeil dans les dépôts amyloïdes et dans la phase prodromique de la maladie de Parkinson seront traitées séparément.

 

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